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Les chaudières belges privées du gaz des Pays-Bas

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Un peu plus d’un million et demi de ménages belges sont alimentés en gaz provenant des Pays-Bas. Fin 2029, la production de ce gaz sera stoppée, avec des conséquences pour les utilisateurs belges… Faut-il déjà s’en inquiéter ?

Les premières conduites de gaz naturel ont été installées en Belgique en 1967 selon un axe nord-sud allant d’Anvers à Bruxelles et passant, en outre, par quelques communes de Flandre et du Brabant wallon alignées sur ces deux villes. Ces conduites sont alimentées par un gaz particulier dit « Low » (pauvre), en raison notamment de son pouvoir calorifique bas. Un gaz issu du gisement de Groningen aux Pays-Bas.

Mais voilà, en 2016, les Pays-Bas ont décidé de réduire l’extraction de ce gisement, et même de la stopper définitivement fin 2029. Les raisons ? Le gisement se tarit – il aurait déjà était exploité à 80 % – mais surtout, l’extraction du gaz provoque depuis de nombreuses années des secousses sismiques de plus en plus fréquentes. La Haye a donc dit stop à l’extraction du gaz « L » et donc aussi à son exportation.

Les implications pour les ménages belges concernés

Les ménages belges qui sont alimentés en gaz néerlandais vont donc devoir se tourner vers une autre source. Et l’alternative se nomme le gaz « High », un gaz plus riche acheminé depuis la Norvège et le Qatar. Un changement qui va impliquer des adaptations aux équipements et infrastructures.

A la maison, chaudière, boiler, convecteurs, cuisinière au gaz qui fonctionnent au gaz « Low » d’outre-Moerdijk ne sont pas forcément compatibles avec le gaz « High » ; c’est surtout le cas des appareils vendus avant 1978. Ceux-ci devront donc être changés. Leur nombre est estimé à 16.000 en Belgique. Les appareils plus récents, même s’ils sont pour la plupart compatibles, devront eux faire l’objet d’un réglage spécifique par un professionnel afin de garantir une bonne combustion et un rendement efficace.

Les infrastructures du réseau aussi devront être adaptées. Selon Sibelga les premiers travaux démarreront d’abord en Flandre dès 2019. Viendront ensuite la région bruxelloise et les communes flamandes et du Brabant wallon en 2020. La fin de la conversion est prévue pour 2029.

Le particulier doit-il s’adapter dès maintenant ?

Il n’y a pas encore d’urgence. Toutefois, vu l’ampleur du chantier, et le nombre de vérifications auxquelles il faudra procéder – 600.000 ménages seraient concernés – mieux vaut anticiper. Par exemple lorsque vous effectuez l’entretien obligatoire de votre chaudière. Le technicien pourra vous indiquer si vous devez changer vos appareils ou juste faire un réglage.

Quels sont les risques si vous n’effectuez pas les réglages ? Votre chaudière brûlera mal le gaz et vous perdrez en rendement. Mais votre chaudière risque aussi fortement de générer du monoxyde de carbone. Ce qui peut s’avérer dangereux dans une pièce mal ventilée.

Qui payera ?

Le propriétaire, le locataire, les pouvoirs publics, les gestionnaires de réseau ? Rien n’est encore clair à ce sujet. Personne ne sait non plus si une aide sera éventuellement accordée aux ménages concernés. Certains avancent que tous les consommateurs pourraient être mis à contribution via les tarifs de distribution. Ou seulement ceux dont les gestionnaires de réseau sont concernés par le changement de gaz. Ou alors, les Régions prendront en charge les coûts en fonction du nombre de ménages à vérifier qu’elles comptent sur leur territoire. Sans oublier le Fédéral avec lequel elles devront trouver un accord.

Beaucoup se demandent aussi si des contrôles de conformité seront mis en place. Histoire de s’assurer que les adapatations ont bien été réalisées. Dans ce cas, y aura-t-il des sanctions pour les personnes qui ne seraient pas en règle ? Là non plus, pas de réponse pour l’instant. Bref, comme on dit, affaire à suivre.

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